Ce soir, 6 000 personnes pour voir Baillerohu (à vu de pif, il y avait plus de monde que les 4 500 pour KoRn, ça m'a donné une échelle de grandeur). Dont moi, et ma chérie.
Bon, le chauffeur de salle, pas terrible. Beaucoup d'enthousiasme et peu de métier, et une salle pas facile à bouger. Tant mieux, on est venu là pour écouter des idées, pas pour une séance de culte de personnalité façon petit père des peuples.
Première annonce, par le député de Castres: les sondages indiquent Bayrou à 20% des intentions de votes (souvenez vous, + ou - 3%, donc entre 17 et 23%). Y'en a qui doivent commencer à avoir les mouilles.
Bayrou commence par un petit speech sur Airbus, obligatoire en ce moment, surtout à Toulouse. Pour résumer, ce n'est pas parce qu'on parle de crise qu'Airbus est en train de couler. Avec 2 500 avions sur les carnets de commande, c'est évidemment exagéré. Pour lui, l'Etat en tant qu'actionnaire et les actionnaires privés doivent prendre leur responsabilité et refinancer. Arrêter ces guerres internes, ces luttes de pouvoir franco-française ou franco-allemande qui n'ont rien à voir avec un projet industriel. Bon, évidemment, aucun homme politique ne peut dire toute la vérité, qui est quand même que c'est un sacré foutoir chez Airbus. Les choix politiques de faire construire les avions à droite et à gauche entraîne un terrible surcoût, certains côtés organisationnels sont déplorables, et il y a une bonne couche de glandeurs dont le seul objectif de la semaine est de partir en week-end le vendredi midi. Ca, évidemment, personne ne peut le dire pendant une campagne. A côté de ça, il y en aussi beaucoup qui s'arrachent, de l'ouvrier au cadre sup' pour que l'entreprise dont ils sont fiers réussisse. Et ils ont réussi! Pas normal qu'ils paient les pots cassés. Et puis il y a toute la horde de sous-traitants, qui sont les principales victimes mais qui, moins bien organisés, n'ont pas le même accès aux média. Salut à vous.
Pour les idées, 6 axes principaux:
1 - La Dette. Multipliée par 6 en 25 ans, elle atteint un poids intolérable. 1 200 000 000 000 € - 20 000€ par Français. Et oui, vous devez, on doit 20 000 balles d'€ chacun. Donc pas de promesses qu'on ne pourra pas tenir, et toute dépense doit être compensée par des économies.
2 - Pas de social sans économie, pas d'économie sans social. Favoriser la création, qu'elle soit par la Recherche (on est en train de prendre un retard considérable sur les Etats-Unis et le Japon, ce qui promet une déculottée monstre pour les années à venir), création d'entreprise (comme source de création de richesses, ça c'est moi qui rajoute) et création culturelle (appel du pied aux beatniks - Woah, je plaisante - Quoi que).
3 - Avec 4 millions, 4 millions et demi de chômeurs, impossible de faire du social. Pour beaucoup, la dignité commence par le travail, et la fierté de ce qu'on fait. Donc créer des emplois. Pour ça, favoriser les PME, en supprimant pendant 5 ans les charges pour deux personnes nouvellement employées, par boîte. 95% des entreprises ont moins de 10 salariés, si elles peuvent financièrement se permettre d'embaucher, le pari est que beaucoup le feraient. Une société orientée vers la création ne veut pas dire que l'on stigmatise ceux qui échouent, on a le droit de se planter. Donc on doit avoir le droit à une deuxième, une troisième chance. D'où une idée intéressante, permettre à ceux qui vivent d'allocations d'avoir une activité sociale (associatifs, municipales...) de toucher un salaire en complément de l'allocation. Comme première étape, retrouver la fierté de soi, et ne plus rester enfermer chez soi avec le peur du mépris des autres, souvent réel.
4 - L'Education, c'est à dire l'avenir. Halte au haro sur l'Education Nationale, le bouc-émissaire favori d'une partie de la population. Une garantie de moyens mais avec un engagement sur des objectifs précis et quantifiables: tout le monde doit savoir lire, écrire et compter arrivé en 6ème. J'ai crû comprendre que c'était un contrat, à l'Education Nationale de se débrouiller pour le remplir (cf la phrase déjà citée de George S. Patton, Ne dites pas aux gens comment faire les choses - Dites-leur ce qu'il faut faire et ils vous surprendront par leur ingéniosité). Rétablissement d'une discipline élémentaire. Les élèves et les profs doivent être en sécurité dans les écoles. Pas d'assouplissement de la carte scolaire, qui n'est qu'une manière de favoriser ceux qui peuvent bouger, et laisser les autres dans la derm': toutes les écoles doivent être excellentes, aussi bien au fin fond de la campagne que dans une banlieue défavorisée qu'en centre ville. L'école est l'école de la République, chacun a le droit aux mêmes chances, quelque soit ses origines géographiques ou sociales . Pour l'Université, créer/favoriser les formations professionnelles: c'est aberrant que l'on passe 5 ans à la fac, avoir un diplôme à la fin qui ne conduit qu'à l'ANPE. Le but du supérieur doit également être de former à un métier.
5 - Le climat. Le réchauffement climatique est anthropogénique (ce qui reste scientifiquement à démontrer, même si les probabilités sont de plus en plus fortes): favoriser les économies d'énergie, ferroutage, fluvial, bio-carburants, énergies alternatives (donc retour sur le deuxième point, la Recherche)
6 - L'Europe. Europe = ensemble, Europe = avenir. Si les européens veulent se faire entendre et sauvegarder leurs valeurs, seule l'union peut le leur permettre. L'Europe n'est pas la disparition des valeurs nationales mais le moyen de les sauvegarder. S'éloigner de l'Europe est une erreur historique. Une nouvelle constitution, simple, courte et lisible, faite pour les citoyens et compréhensible par les citoyens, pas par des juristes. Et avec approbation par Référendum, craché, juré, sinon il va en enfer.
Sur un plan politique, annonce de la création d'un Parti Démocrate, ouvert à Droite et à Gauche, avec référence à De Gaulle en 1945 et 1958, et Mendès-France en 1954. parce qu'il faut qu'on arrête de se tirer dans les pattes. Parce que la meilleure manière de réussir, c'est ensemble. Autre point, capital: les valeurs affichées sont simples, et tiennent en trois mots: Liberté, Egalité, Fraternité.
Beau programme.